Christophe Guibbaud – photographe de sport et responsable pôle photo au sein de la Fédération Française de Tennis

Cette semaine, nous sommes allés à la rencontre de Christophe Guibbaud, cofondateur d’ABACA, il nous raconte ses débuts dans la photographie et comment les événements de la vie l’ont conduit à faire de la photographie de sport.

Aujourd’hui, il est responsable au sein du pôle photo de la Fédération Française de Tennis, il est en charge de toute la gestion médias et des équipes opérationnelles.

De la photographie argentique au numérique, il revient sur son parcours et partage sa vision du métier. Une interview pleine d’anecdotes et de rebondissements !

 

Pourquoi avoir choisi le métier de photographe ?

Par passion ! Quand j’étais adolescent, j’ai pris en main un appareil photo et ça a été une révélation… À l’époque il n’y avait pas de formation spécifique, j’ai donc suivi un cursus à Science PO Grenoble avec toujours cette idée en tête de faire de la photo.

Ensuite, lors de mon service miliaire, j’ai intégré le service ciné/photo des armées. Pendant un an j’ai côtoyé des passionnés de la photographie. Autodidacte de base, cette expérience immersive a confirmé mon désir de poursuivre.

Comment a débuté votre carrière dans la photo de sport ?

J’ai commencé en tant que pigiste chez « Tennis Magazine ». Ensuite, j’ai été recruté par « Vandystadt », une grosse référence dans le domaine sportif, le passage dans cette agence a été un gros tremplin. J’ai notamment couvert les JO de 1988 à Séoul, c’était la première fois que je partais à l’autre bout du monde à la rencontre d’athlètes plus fascinants les uns que les autres. J’étais entouré des meilleurs photographes de toute origine, une expérience inoubliable.

Un an plus tard, j’ai intégré en tant que photographe n°1 « Le sport », un journal hebdomadaire. Cette fois-ci, je suis parti en Italie pour la coupe du monde 1990. Je me souviens d’une anecdote singulière, à l’époque nous étions aux prémices d’internet, donc toutes nos pellicules devaient être envoyées physiquement. Pour que ce soit plus rapide, nous n’utilisions pas les services postaux mais nous avions coutume de les envoyer avec des voyageurs, le paquet était ensuite récupéré à l’aéroport de destination par un coursier.

Les photographes se rendaient à tour de rôle à l’aéroport pour trouver un passager qui accepterait de prendre les pellicules jusqu’à Paris. Quand arriva mon tour, je me suis rendu à l’aéroport de Rome à reculons car pas très à l’aise avec la pratique, d’ailleurs tout le monde me fuyait. Je me suis retrouvé à négocier pendant une heure avec une passagère complètement paniquée. Une situation rocambolesque !

De la photographie argentique au numérique, quel impact dans la photographie de sport ?

La photographie de sport est très technique, il faut un télé objectif assez long qui est difficile à maîtriser. Il y a beaucoup de mouvements donc c’est impératif d’avoir une bonne connaissance des disciplines sportives pour capter le bon moment. Aujourd’hui, le numérique fait des merveilles, la qualité des images s’est considérablement améliorée, mais on ne peut pas en dire autant lorsque ça a débuté. Je me souviens de mon premier tour de France avec le numérique, tout le matériel devait être relié par des câbles et la capacité de stockage était réduite donc les photos perdaient beaucoup en netteté, le rendu était brouillon.

Quel a été l’événement sportif le plus compliqué à couvrir ?

La gymnastique lors des JO de Séoul. Je n’avais pas une grande connaissance de la discipline, il y avait du mouvement partout et surtout c’est un sport qui se pratique en salle donc avec une lumière artificielle. J’ai eu beaucoup de difficultés à avoir de belles images, la colorimétrie faisait défaut.

Si vous deviez choisir parmi tous les événements sportifs que vous avez couverts, lequel vous a le plus marqué ?

Mon premier Roland-Garros en 1984 pour « Tennis Magazine », c’était incroyable. Un événement sportif c’est comme une dramaturgie, il y a un début, une fin et quelqu’un qui gagne. Un athlète à l’oeuvre c’est beau, un athlète qui remporte une victoire ou qui essuie une défaite c’est sensationnel. Roland-Garros est rempli de moments saisissants, chaque photo prise ancre le moment dans le présent et transmet une émotion.

Vous avez fait un grand nombre de Roland-Garros, qu’est-ce qui a changé au fil des années ?

Aujourd’hui, il y a beaucoup plus d’enjeux économiques avec nos partenaires. L’arrivée du digital et des réseaux sociaux a changé la donne, on est entré dans une course à la visibilité. Au pôle média, nous avons une équipe composée d’une vingtaine de personnes dédiées exclusivement à l’alimentation des réseaux sociaux. Il faut travailler vite et bien. D’ailleurs, tous nos photographes sont équipés de petits boîtiers qui permettent la transmission d’image de manière instantanée afin que les infos puissent être traitées rapidement pour générer du trafic et de la visibilité.

Un petit mot pour finir sur la photographie ?

Être photographe c’est une histoire de passion. Il n’y a pas un seul jour où je n’y pense pas. Faire de la photo c’est avant tout raconter une histoire, on peut capter des moments simples et à la fois chargés en émotions et a contrario apporter de la légèreté dans des situations compliquées.

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